Par cette résolution, le Parlement des Jeunes, organe représentatif de la jeunesse au Luxembourg, voudrait bien souligner l’importance de la séparation de l’Église et de l’État, de même que les conséquences inhérentes à cette décision politique.

En effet, le débat d’orientation du 7 juin 2011 au sujet des relations entre l’État et les communes d’une part et les cultes religieux d’autre part ayant eu lieu dans la Chambre des Député-e-s a remis en question le bien-fondé de l’application actuelle.

La séparation de l’Église et de l’État n’est une atteinte ni à la liberté des cultes, ni aux convictions religieuses des individus et encore moins une disposition ayant comme but d’effacer les empreintes religieuses de notre patrimoine culturel. Il n’est en aucun cas sujet de vouloir diviser notre société.

 

Il faut admettre que le Grand-Duché du Luxembourg reconnaît un certain degré de séparation qui est garanti par la Constitution : la liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions religieuses, tout comme la liberté de conscience. Cependant, en tant que jeune citoyen, il faut concéder que cette situation est insuffisante, voire arriérée, parce qu’elle ne tient pas compte de l’évolution sociologique et religieuse.

 

En guise d’illustration, il convient de reconnaître que la comparaison entre l’appartenance religieuse passée et actuelle permet de visualiser les changements possibles au cours de la vie de l’individu, respectivement de la société en général. Ainsi, selon une étude menée par CEPS INSTEAD, le pourcentage de personnes se déclarant catholiques a diminué de 12,7 points de pourcentage entre 1999 et 2008, alors que le pourcentage de personnes se déclarant sans religion a augmenté de 13 points de pourcentage sur cette même période. Selon les auteurs de cette étude, « on peut considérer ce résultat comme un symptôme d’érosion quant à l’appartenance à la religion catholique, dominante au Luxembourg ».

 

De plus, il ne faut pas perdre de vue l’évolution du nombre d’adhérents aux autres religions présentes au Luxembourg. Ainsi, nous devons constater à titre d’exemple que la progression de la religion musulmane en raison d’une immigration importante en provenance de l’ex-Yougoslavie, s’élève à 2% en 2008 contre 0,7% en 1999. En effet, la communauté musulmane compte quelque 12.000 membres et représente dès lors la deuxième communauté religieuse au Luxembourg. Comme les taux de représentation des différentes religions varient continuellement, la façon dont l’État subventionne les communautés religieuses ne peut à aucun moment refléter la situation réelle et actuelle.

Une société démocrate basée sur les principes de libre concurrence entre individus, entreprises etc. ne peut pas accepter les prérogatives attribuées à l’Église de la part de l’État. En effet, il est logique que même les communautés religieuses, embrassant leur propre cause, doivent être soumises à la libre concurrence des visions et des opinions du monde, sans protectionnisme étatique.

 

En fin de compte, il s’agit encore de relever que l’appartenance à une religion représente une notion éminemment subjective si bien qu’elle ne peut pas être subventionnée aux dépens de la collectivité. Par conséquent, le Parlement des Jeunes considère l’appartenance à une religion comme un choix personnel de l’individu qui doit subvenir à titre personnel aux frais éventuels engendrés par l’exercice des pratiques religieuses. À titre d’exemple, selon cette même étude (CEPS INSTEAD) plus de la moitié (58%) de la population luxembourgeoise estime que la religion n’est pas importante du tout ou pas très importante. Ceci démontre clairement que notre société se caractérise par une grande variété d’opinions en la matière.

 

Compte tenu de ces motifs, le Parlement des Jeunes défend la neutralité de l’État envers les différentes croyances, cultes et les non-croyants, parce que seul un État neutre est le garant d’une société tolérante et libre. La seule manière possible de respecter la grande variété d’opinions relatives aux croyances repose donc sur la neutralité de l’État.

 

Pour cette raison, nous demandons au Gouvernement de même qu’au Parlement luxembourgeois d’arrêter le financement des Églises par l’argent public. Ceci peut seulement être réalisé en abrogeant les articles 22 et 106 de la Constitution luxembourgeoise, afin que l’État ne reconnaît et ne finance aucun culte. Les églises ou autres établissements religieux dont la communauté religieuse y relative n‘a plus besoin, seront étatisés et pourront être utilisés à des fins culturelles publiques. Les croyants pourront toujours exercer leur culte au sein des établissements appartenant à la communauté religieuse. Les coûts engendrés par la rémunération du personnel religieux ainsi que l’entretien de l’inventaire de l’église doivent être couverts par les communautés religieuses elles-mêmes. Le financement des communautés religieuses pourrait être inspiré du système en vigueur en Italie qui repose sur le prélèvement facultatif d’un impôt ecclésiastique. Une conséquence logique de ce changement constitutionnel sera le renoncement à l’enseignement religieux dans et par les établissements publics ; de même il faudra que l’État renonce aux signes de distinction religieuse dans le domaine politique (Te Deum dans le cadre de la fête nationale, déclarations officielles de la famille grand-ducale au nom de la population luxembourgeoise).